Répertoire de Créations
Avec, ou Sinon Rien
Création 2006
Un, un tout seul n’existe pas.
Nous ne sommes que liaisons, mouvement.
JE est Avec, ou sinon rien.
Les corps sont frottements, affolement, plaisirs, provoqués par les contritions, les chocs, les bousculements.
Entre les corps, la propagation, l’empathie, l’emballement des forces.
Qui les agrège ? Nous agrège ou nous désagrège ?
Quel est donc cet être-ensemble, cette fragile et provisoire construction, cette résonance ?
Huit récits dansés mettent cinq personnages en mouvement, croisent cinq destins et regardent s’amplifier les oscillations des corps et des cœurs jusqu’à la rupture.
Huit récits dansés observent les grincements intimes, les torsions secrètes et contemplent les grands effondrements. Ils sont une suite de moments crescendo à la poursuite de l’accord parfait, du mouvement perpétuel. Mêlés les uns aux autres, ils se jettent à la recherche de la résonance ultime, celle de l’accord entre les êtres et les dieux.
Huit récits dansés se rencontrent pour n’en faire qu’un. Les cinq personnages se retrouvent, se croisent sur le fil tendu d’une seule histoire, une seule trajectoire : celle de l’une d’entre eux dont la fuite en avant, la course effrénée, est sans doute un voyage intérieur qui les a peut-être tous inventés pour se réinventer la vie.
La conception de ce spectacle s’est inscrite dans un projet collectif associant la Compagnie Acte et quatre chercheurs :
– Denis Cerclet : Ethnologue Maître de conférences, Centre de Recherches et d’Etudes Anthropologiques (Université Lumière – Lyon 2)
– Spyros Franguiadakis : Sociologue, Maître de conférence, Faculté d’Anthropologie et de Sociologie (Université Lumière – Lyon 2), Chercheur au CRESAL-CNRS
– Daniel Guinet : Physicien, groupe Matière Nucléaire (Université Claude Bernard – Lyon 1)
– François Vandenesch : Professeur / Chercheur Hospitalier – Pathogénie des Staphylocoques INSERM (Faculté de Médecine Laënnec – Lyon)
Ce collectif, créé en juin 2004, a défini la thématique de travail : “La transdisciplinarité à l’épreuve de la résonance : physique, biologie, ethnologie, sociologie et création chorégraphique” et a suivi de près le processus de création.
Résilience, Nos Manières d’Aimer
Création Maison de la Danse de Lyon 2004
Résilience, ce ressort invisible qui permet de rebondir dans l’épreuve en faisant de l’obstacle un tremplin, de la fracture une force, de la fragilité une richesse, des impossibles, un ensemble de possibles.
Un corps blessé dans une âme cabossée qui pourrait faire surgir des ressources inconnues et illimitées.
La résilience, réparation du moi déchiré, serait alors ce fruit tendre et saignant d’une victoire si fragile de l’humain ?
Elle doit beaucoup, cette résilience, à la mobilisation de toutes les énergies provoquées par l’urgence d’être aimé. Elle doit surtout à l’autre et ses manières d’aimer. Cet autre, comme un tuteur, tout à côté de moi. Cet autre qui me refait, parfois même à son insu, à mon insu. Cet autre, qui me regarde, renoue le premier lien.
Un corps qui pourrait résister à la détresse vitale, par le rêve. Parce qu’il n’y a parfois que la vie intérieure pour faire face à la vie, que la création pour faire face au fracas du réel.
La question de l’humain me fascine : qu’est-ce que l’humanité ? Mais plus que la question, c’est sa traduction par l’écriture de la danse, par le langage du corps, par la mise en chair chorégraphique, qui m’anime. Et mon chemin d’artiste n’a pas fini de se cogner à ce caillou-là et d’y user les souliers de la danse. De quoi la vie humaine est-elle indissociable, auquel la danse puisse rendre corps ? Si la résistance interroge la personne de l’extérieur, par ses actes, même infimes, la résilience, elle, fait le mouvement inverse. Avec Résilience, nos manières d’aimer, je voudrais descendre un peu plus vers le coeur, gros plan sur l’intime.
Resistencia
Création Biennale de la Danse de Lyon 2002
Voir un extrait vidéo sur Numéridanse.tv
Dis-moi, corps, dis-moi résister.
Que faut-il pour ne pas se désintégrer, réagir, surmonter, dire non intellectuellement et physiquement à l’inconcevable, à l’insupportable ?
Que faut-il pour redonner la dignité aux âmes martyrisées, à la volonté défaite, au chaos de la ruine intérieure ?
Que faut-il pour rester debout à chaque instant ?
De l’énergie, beaucoup d’énergie. Je vois la danse de Resistencia comme cela.
Les corps, pour dire cela, je crois, les corps éxulteront dans leur puissance énergétique.
Et au-delà des corps, la danse montrera la force d’âme, le désir de la transcendance, la quête d’espérances humaines.
La résistance est loi de la matiére et de l’univers, elle est aussi secret des hommes, le secret du corps et des poètes.
Lorsque je chorégraphie, je suis mue par l’envie de dire et de comprendre. C’est pourquoi j’ai construit Resistencia comme une enquête… Une en-quête d’Humain dans son incroyable capacité à résister.
Tout a commencé par la lecture du livre-témoignage sobre et fort de Miguel Benasayag, prisonnier d’opinion durant la dictature argentine. Ce récit : « Malgré tout, contes à voix basse des prisons argentines », fut pour moi, danseuse, chorégraphe, chercheuse de ce laboratoire de l’Humain dans sa chair, une grande émotion et un déclencheur artistique. Alors est née la nécessité d’interroger ce mot, résister. Questionner la matière du corps résistant et dire par la danse, les sens multiples, poétiques de cet acte crucial. Faire du verbe résister : chair, sang, sueur, mouvement.
J’ai rencontré et écouté ces hommes et ces femmes qui, tous, ont vécu, survécu, lutté, face aux États tortionnaires, aux états de terreur. J’ai laissé leurs récits, leurs témoignages m’imprégner, résonner dans mon travail de chorégraphe jusqu’à trouver l’écho, les métaphores, une matière artistique.
Ma nécessité, dans cette patiente captation des états du corps résistant, était de trouver comment restituer, par la danse, les émotions et l’indicible qui se prolongent au-delà des mots, au-delà des corps et des sensations du visible.
Resistencia est aussi une parole d’artiste que j’ai souhaité engager aux côtés de ceux qui se battent pour un travail de mémoire et de justice, pour résister aussi à l’oubli. À travers ce spectacle, la Compagnie Acte a soutenu l’action d’AMNESTY INTERNATIONAL.
Danse Experimenta, Un propos singulier sur l’idée de résistance
Création Science et Art 2002
Voir un extrait vidéo sur Numéridanse.tv
Une « conférence dansée » très imaginative et expressive (…). Danse Experimenta interpelle toujours son public par l’émotion et atteint très vite tout son sens dramatique.
Le Progrès
Sur scène, un chercheur, une chorégraphe et quatre danseuses, des musiques de Charlie Haden, Carla Bley, Llyoub… des extraits littéraires de Daniel Bensaïd, François Cheng… pour une expérience originale : construire en trois chapitres dansés l’alchimie de la résistance.
Résistance de la matière et des corps aux contraintes physiques, résistance immunologique, aux virus, stratégie du vivant et enfin résistance psychologique et philosophique…
Conversation à deux voix, alliage délicat du sensible et du rationnel, de la poésie et de la connaissance, Danse Experimenta ouvre un espace de rencontre insolite et passionnant entre l’art et la science, ludique, interrogateur, parfois poignant.
Une certaine manière d’inventer un autre regard sur la science ou sur l’art… Ou comment l’être humain se constitue et s’arrange de ses forces et de ses faiblesses, en organisant sa propre résistance face au monde qui l’entoure.
Que se joue-t-il entre les corps (particules, cellules ou êtres humains) ?
Quels sont ces liens qui les relient ? D’où vient leur force de vivre, toujours, encore, malgré tout ?
Avec simplicité et sensibilité, ce spectacle tente d’y apporter des réponses par le rire ou l’émotion, le jeu ou la gravité. La danse y est lisible et généreuse, et chacun, petit ou grand, connaisseur ou néophyte, peut s’y reconnaître et rêver en apprenant.