Carnets d'un confinement COVID 19 _mars 2020 - (?)

Ces carnets de confinement, sont d'abord un journal écrit, adressé dès les premières heures du confinement, à une trentaine de proches et ami·es accroché·es à mon esprit. Leurs présences, repères dans l'espace d'une carte imaginaire (puis réelle), composent une constellation dont je suis l'un des points. Écrin charnel et bienveillant à l'écriture de ces chroniques. Je les en remercie.

Assez vite, les mots seuls ne suffisent pas tout à fait à témoigner du corps de ce journal qui se présente à moi, autant comme un "Nous" que comme un "Je" ; intérieur et extérieur, intime et politique, illustré, sonore, spatial,... Alors je le retranscris ici au fil des jours, accompagné d'images légendées, hors champs de ma pensée, saisi.es aux hasard de mes sorties, de mes regards.

Le journal devient "Carnets", envie profonde de prendre le temps de penser et de "faire traces" de ce qui nous arrive, ou de ce que je peux, à ce qui nous arrive : pas seulement l'événement inouï d'une épidémie dont nous ne connaissons aujourd'hui pas encore la fin, mais un bouleversement du monde qui nous appelle à nous-mêmes, nous convoque individuellement et collectivement. A l'heure précise, où je dépose ces mots, je ne sais encore si ces carnets seront le ferment d'un acte créateur, spectacle futur, geste citoyen... Je sais juste qu'ils sont un cri silencieux "pour que nous nous n'ayons pas vécu cela en vain".

DANS CE GRAND ARRÊT : SURGISSEMENTS DE SENSATIONS, BOULEVERSEMENT DES REPÈRES, OBSERVATIONS.
IL SE POURRAIT QUE NOUS NE SOYONS PLUS LES MÊMES,… APRÈS.

JOUR 1 _ MARDI 17 MARS 2020

D’abord, j’espère que vous allez bien / QI de mouche / Disponible / Libre pensée / Dominants/dominés ; on inverse / vous êtes ici!.
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  • PARIS _ Mardi 14 mars_ 12:00 _dernière escapade le long du parc des Buttes Chaumont, déjà fermé. Image emblématique, où tout est dit : le mouvement, les regards, les achats ; le fameux papier toilette, dévalisé, dont on parlera quelques jours plus tard,  même la peur…est palpable.
  • Paris _ Midi pile, tout s’est arrêté. La vie suspendue, pour combien de temps ?
  • Paris 18:30_ Métro Ligne 1, direction Gare de Lyon_ dernier train possible_ le confinement  sera lyonnais_ s’exiler ensemble.

OBSERVATION 0 _ D’abord, QI de mouche 
Lundi et mardi matin, bizarre, choc…d’un coup nos vies écroulées, nos espoirs foulés. Impossible de se concentrer, impossible de se poser dedans… Vol en zigzag sans aucune logique ; un coup la fenêtre, un coup sur un mur, un coup sur le canapé. Bzzzz, virages serrés, vol désordonné, discontinu, radio continue, …pourquoi commencer à travailler ? un dossier ? par quoi commencer ?.. La pensée en zigzag…et avec un QI de mouche en plus de tout… Et soudain mardi après midi… posée, immobile. Ok c’est parti, c’est commencé la vie inouïe, pour sauver la vie. ça alors. !!!….

OBSERVATION 1 / Disponible
Au vu du vide sidéral que le confinement a opéré dans nos agendas et nos surcharges de déplacements et mille autres choses à faire, nous n’allons jamais être autant disponibles pour nous parler, au téléphone, par mail… Avez-vous remarqué comme les réponses arrivent vite ? comme nos amis, collègues, interlocuteurs, répondent, décrochent ? Nous qui étions presque toutes et tous injoignables, indisponibles ?

OBSERVATION 2 / Libre pénsée
Aucun mouvement d’espace ou presque. Vitesse 0. Tout ira lentement mais la pensée de nos vies, elle ira vite.

OBSERVATION 3 / Dominants/dominés : on inverse
Avez-vous remarqué que les oiseaux commencent déjà à grappiller du terrain et de la présence dans nos villes ? De ma fenêtre cela se voit. Peut-être aussi parce que je prends le temps de regarder. Mais pas que…je crois. regardez !
le silence, le calme, le vide, la pollution en moins…ils vont vite comprendre la place qui leur est soudain offerte et faire leur nid où bon leur semble.
Voilà une chose vraiment souriante.
Les schémas dominants/dominés, immobiles/animés, confiants/apeurés vont s’inverser… merveille à observer.

OBSERVATION 4 / Vous, présents, pour de vrai, là !
Je vais aimer aussi prendre un plan de la ville, la punaiser au mur et positionner la place, réelle dorénavant, de chacun, chacune, là ou là, dans son lieu d’exil d’intérieur. Et toutes les présences seront là, visibles, imaginables ! Vous voyez ? les présences aussi reprennent du souffle.
Vous voulez ben m’envoyer votre adresse de confinement ? (facultatif évidemment ;-))

Ami·es, prenons soin de nous, plus que jamais inter-responsables, soudain cela se perçoit physiquement.
Chacun différemment.
Annick

JOUR 2 _ MERCREDI 18 MARS 2020
Applaudissements / Vous êtes 30 / Mais qu’elle est bête c’est mondial ! / Osciller de là, à là /

Page bientôt active vers une carte en ligne…en chantier

OBSERVATION 5 / APPLAUDISSEMENTS
Comme vous sans doute, les larmes me sont montées aux yeux aux premiers applaudissements, de ce jour 2, 20h. Il y en avait des tout proche et puis des tout loin. Signes incroyables autant à nous-mêmes, êtres vivants, qu’à celles et ceux soignants qui sauveront peut-être nos vies, leurs vies. Du monde. Pour ceux qui connaissent, c’est un LIEU d’ÊTRE géant, mais cette fois-ci ce n’est plus un spectacle. C’est une histoire vraie. C’était beau et terrible, et quand on y pense… c’est pas drôle.

OBSERVATION 6 / VOUS ÊTES 30 !
30 personnes dont les présences habitent ma tête depuis 2 jours en même temps que leur « cabane de confinement », un point précis dans l’espace. Et comme toujours, le minuscule singulier rejoint l’universel et l’on se répare tous·tes en se retrouvant un peu dans chacun·es. Vos mots répondus, chacun les siens. Vos adresses envoyées. Merci.
C’est nul, j’ai fouillé mes tiroirs et pas retrouvé ce « fichu plan de Lyon » que l’on a forcément un jour en main ! A noter donc : quand on range sa maison en maugréant que l’on amasse tant de choses inutiles…on ne pense pas, qu’un jour, on va se retrouver en confinement ;-).

OBSERVATION 7 / MAIS QU’ELLE EST BÊTE, C’EST MONDIAL !  
Un plan de la ville !? mais suis-je bête ! A cause mondiale, réponse mondiale voyons ! C’est donc Google Earth qui récolte vos points de présence. Et en cliquant sur chaque point, un cadre blanc, et dedans, vos réponses écrites, datées. Et peut-être même une photo ; votre point de télétravail, votre tapis de yoga, entre la table et le frigo. Journal collectif et aléatoire d’un confinement dont on ne sait pas, aujourd’hui, comment il se terminera.

OBSERVATION 8 / OSCILLER DE LÀ à LÀ
Je ne sais pas vous, mais moi, j’oscille entre les moments de presque oubli, déni ou incapacité à prendre conscience (oh ben finalement c’est pas si pire ! et puis ça va forcément passer… ) et les moments de consciences sur-aiguës qui nous plongent dans des abimes de pensées et d’inquiétudes  que l’on ne parvient pas à maintenir à l’esprit plus de 10 min, tant ils sont abyssaux, tant ils sont inconcevables au sens propre, tant, que l’on croirait que, corps et âme, on va imploser. Alors on lâche finalement, trouvant un point de fuite sans doute.  On lâche, heureusement sans doute… car notre esprit construit pour la vie, peut-être même sélectionné pour cela.  Encore une mise en œuvre Darwinienne qui nous a amenés jusque-là ?

Résumé jour 2 / Applaudissements / Vous êtes 30 / Mais qu’elle est bête c’est mondial ! / Osciller de là, à là /
merci ami·es. Continuons à prendre soin de la vie. Il y a mille manières à cela, on le voit dans nos échanges. Chacune est vitale, nécessaire et juste, car c’est celle qui s’impose à nous, radicalement. Je pense à vous.

JOUR 3 et 4 _ JEUDI 19 et VENDREDI 20 MARS 2020

Vous aussi votre anniversaire sera confiné ? / Rattrapée par ce qui est « à faire » / Journées trop courtes /
/ Vendredi 20 c’était jour de printemps / Ça s’est installé / qu’est-ce que ça nous fait, ressentir ça ?   /

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  • Comment un carré d’herbe ou de terrasse propulse votre appartement de 50m2 au rang des confinements ultra-privilégiés.

 

La panoplie indispensable des confiné·es

 

 Distanciation sociale ?

OBSERVATION 9 :  Vous aussi votre anniversaire sera confiné ? /
Ici, nous avons confinementalement-fêté un anniversaire le 19 mars, jour 3 ! le premier ! Il y en aura de longues sériés. Le mien par exemple, il sera jour 24. Et le vôtre ? il sera jour combien ?

OBSERVATION 10 / Rattrapée par ce qui est « à faire » /
Dans le monde en arrêt, en alerte rouge-arrêt, même, je me suis faîte rattraper par le travail. Je voulais pas ! Je voulais prendre le temps de penser, réaliser, cesser, suspendre, reconnaitre, comme on reconnait un fait, un enfant, un lieu, une chanson…oui c’est ça.., c’est bien ça …c’est bien nous. Je voulais continuer le journal, écrire, ne pas lâcher, parler avec les voisins aux fenêtres, forcer le dépliage, ok on s’en fiche de ne pas s’embrasser, mais lever les yeux, non ? …
Mais une sorte de vague est arrivée, comme vous sans doute. Penser … est nécessaire mais avancer, est aussi ce qu’il faut faire. Alors sont arrivés 3 jours débordés, par la tentative de remise en équilibre fragile de tout ce qui s’est effondré. Organiser, prévoir les reports…impossibles, réorganiser, plan A, plan B, re-réorganiser, les annulations à venir… imprévisibles… Commencer à trier un à un le monceau de petits morceaux éparpillés. Remonter pièce à pièce le puzzle d’un éventuel demain, sans connaitre l’image à reconstituer, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’ :  ON NE SAIT PAS . Et ça m’a pas plu de devoir faire cela…, non !

OBSERVATION 11 / journées trop courtes /
Et tant de choses importantes ! S’informer, prendre  soin des proches, lancer des liens, partout, n’oublier personne, s’inquiéter, faire ce que l’on dit… oui, dire ce que l’on fait et surtout faire ce que l’on dit, comme si ce jour était aussi important que le dernier. Le téléphone sans cesse, l’ordinateur en permanence. Pendre part, prendre sa part, bientôt je serai débordée… car faire aussi ;  deux heures de Yoga, et à manger, et corde à sauter, et sortir…pas… mais quand même une course, en s’évitant, se contournant, tendus et pourtant bienveillants, revenir, laver, tout laver…. (Et encore, je n’ai pas à faire la super-école des super-parents ! ) Jamais on aurait cru qu’un « confinement », c’était aussi « occupé » !

OBSERVATION 12 / le 20, c’était jour de printemps /
Tiens ! ça, ça m’a carrément plu de me dire ça : « Super printemps pour la planète ! pour nous c’est moins sûr…mais… après tout, tant mieux pour elle ! Un peu de souffle, un peu de place, cela faisait bien longtemps qu’on ne lui en avait pas laissé. Vas-y, planète, vas-y. On te le devait bien, va !

OBSERVATION 13 / En même temps que le printemps, « ça » ‘est installé /
J’ai pas aimé que ça s’installe !  Mais quand même, le confinement, l’idée de, l’organisation, la vie, ça s’est installée, ça s’est calé hop hop, micro -mouvements d’adaptations, facile comme dans un gros pouf de riz. Et on aurait presque aimé ça, tranquille ! Surprise, en fait c’est presque bien ce temps hors du temps, dis donc ! ça, c’était le 18, 19 et 20 et ça non plus ça ne m’a pas trop plu.

OBSERVATION 14 / Qu’est ce que ça nous fait, ressentir « çà »
Alors le 19 à 20 heures, j’ai pas seulement applaudi les soignants, j’ai crié, parce que trop peu de gens sortent, là où je vis, genre d’espace de derrière, derrière de rue. Alors j’ai crié qu’il ne fallait pas s’endormir, fallait bouger, ouvrir les yeux, sortir des ordis, des téléphones, pas aimer ça ! Finalement pépère, indifférent. Crié que des gens meurent dans la solitude, et d’autres d’essayer de les sauver, et d’autres dans la rue, et d’autres battues. Des fenêtres se sont ouvertes. Des gens sont apparus….re-disparus, tant pis je recommencerai.

Merci ami·es. Continuons à prendre soin de la vie !

JOUR 5 _ VENDREDI 21 MARS 2020 
Chronique d’une émergence annoncée / C’était donc ça l’effondrement ? / On va s’observer se transformer /

OBSERVATION 15 / COVID 19 « Chronique d’une émergence annoncée » / 
Vous l’avez peut-être déjà regardée, sa conférence : Philippe Sansonetti, microbiologiste des maladies infectieuses. C’est redoutable !
https://www.college-de-france.fr/site/actualites/Covid-19ChroniqueEmergenceAnnoncee.htm

OBSERVATION 16 / C’ETAIT DONC ÇA l’EFFONDREMENT ??
On l’attendait pas comme ça, pas si vite !

OBSERVATION 17 / On va s’observer se transformer /
On est parti pour longtemps ! Alors on va traverser toutes sortes d’états, de nouvelles, d’expériences, de drames ou de joies…à va maintenant se transformer et on aura tout  loisir de le voir, nous-mêmes, les gens, le monde surtout, le monde partout.

Résumé JOUR 5 /  Chronique d’une émergence annoncée / C’était donc ça l’effondrement ? / On va s’observer se transformer /

Merci ami·es. Continuons à prendre soin de la vie !

JOURS 6 à 10 _ DIM. 22, LUN. 23, MAR. 24, MERC.24 et JEU.26 MARS 2020
Essayer de résoudre 19 / Petit problème à l’école des confiné·es / Premier set de transformations annoncées, et vous ? /
/ Mais qu’on nous les confine toutes et tous au moins 4 semaines par an ! /

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  • Distanciation sociale.
    Dimanche 22 mars, ce fut le dernier marché rue Gabillot. Pourtant ils avaient tant travaillé toute la nuit pour faire les lignes.
    Règle de 1 :
    1 personne,
    1 mètre,
    1 km de chez soi
    1 heure par jour.
    1 lettre de dérogation



C’était il y a longtemps ? Non 8 jours…Combien de temps nous faudra-t-il pour oublier que ce n’est pas une surface « abiotique » mais une rampe, une boite aux lettres, un banc….

 OBSERVATION 18  // Essayer de résoudre l’observation 19 / 
Sans mots aux nouvelles du monde, et des milliers de condamné·es, et des milliards de tracé·es, de traqué·es, de confiné·es, de l’explosion à la baisse puis à la remontée de la bourse, se surprendre à essayer de résoudre l’observation 19.

OBSERVATION 19 / Petite problème à l’école des confiné·es /
Vous avez 10 min :
-Sachant qu’1 milliard 400 millions de masques ont été déstockés en 2019, que 110 millions sont périmés, mais que le ministre de la santé en a commandé 250 millions, Valérie Pécres 20 millions et Xavier Bertrand, 50, ajouté à cela que 5 millions arriveront la semaine prochaine, mais que dores et déjà la quantité par soignant a été doublée, sachant par ailleurs que le premier patient a été accueilli dans l’un des 30 lits de l’hôpital-de-campagne-de-30-lits-qui-a pris-10 jours-pour-être-monté, calculez le nombre de jours qu’il faudra au supermarché de votre quartier pour pouvoir se procurer des visières protectrices pour les salariés qui remplissent 8 heures par jour, les rayons vidés par des millions d’apeuré·es en guerre !

OBSERVATION 20 / Premier set de transformations annoncées, et vous ?
Transformation Jour 6 dans la rue déserte, se sentir tout bizarre, comme un pied dans une chaussure beaucoup trop grande, comme un poussin sans sa coquille, comme un bruit dans le silence d’une nuit noire, et reculer d’un pas quand quelqu’un s’avance, ou que ce soit, qui que ce soit, même son co-confiné.

Transformation jour 7  Ouvrir les yeux sur des rêves nocturnes surpeuplés ; tiens, j’ai rêvé d’un grand jeu-rallye dans une ville, des équipiers se côtoyant, s’agglutinant, des murs à grimper, des parcours à 4 pattes, des touchers, des empoignades, des bondées de monde qui s’entremêlent et inter-agissent, une ligne d’arrivée ébouriffée de peuples rassemblés. Et ce, plus ou moins ainsi, depuis 4 nuits /

Transformation Jour 8  Sursauter mentalement au joli plan-séquence d’un film montrant une main glissant sur une rampe, empoignant une porte ou un accoudoir, caressant machinalement un comptoir… Se ressaisir soudain et se dire  : merde ! … c’est déjà inscrit ! le corps a déjà appris. Combien de temps lui faudra-t-il pour reformater l’insouciance du toucher, désapprendre le reflex d’évitement, recoder la gourmandise du caresser, la confiance en ce qui est « autre ». Combien de temps pour oublier que ce n’est pas une « surface abiotique » mais que c’est, une boite aux lettres, une planche, un caillou, une vitre, un banc, une poignée… ? C’était il y a longtemps ? non, 8 jours !.

Transformation jour 9 Ressentir un serrement de cœur au gingle de la radio, à l’instant même allumée, avant que le moindre mot ne soit encore prononcé.

Transformation jour 9  Rentrer du « monde de dehors » et se dire éberluée, qu’il y a très longtemps dans un monde lointain, on jetait en rentrant, son sac dans un coin, ses chaussures dans un autre, son manteau sur le canapé, les achats pêle-mêle sur la table, tout cela laissé en plan un bon quart-d’heure, jonchant n’importe quelle surface, pour grignoter en parlant de choses et d’autres, le quignon de la baguette fraiche, puis se passer la main sur la bouche pour enlever la farine, dans les cheveux pour enlever la mèche qui nous chatouille les yeux. Et ensuite, ensuite peut-être se laver les mains !!! quoi ?? scandaleuse inconscience ! était-ce il y a 10 ans ? non, 10 jours //

OBSERVATION 21 // Finir sur un sourire ; mais qu’on nous les confine tous au moins 4 semaines par an !
Ici, la « campagne » de la rue Pompidou, Lyon 3è : « La nature explose et se demande bien ce qui nous arrive. Et plus loin encore, chasse, pèche, cueillette, ballade, motos, quad, vélos, pieds,  rien ! Plus rien sur les chemins ni les côtes ! et l’air cristallin résonne des chants d’oiseau dont je parlais le jour 1 // Et si l’on proclamait dorénavant,  en guerre contre le réchauffement et en solidarité avec la planète (ce sera forcément une guerre vous allez voir qu’on va nous la sortir celle-là dans quelques années),  4 semaines annuelles de confinement (sans covid, ni masque) au moment du printemps, (finalement pas si compliqué ! ) avec applaudissements à 20 heures pour soutenir les espèces survivantes !? Allez, qu’on nous les confine toutes et tous 4 semaines par an !!

Résumé des jours 6 à 10 / Essayer de résoudre 19 / Petit problème à l’école des confiné·es / Premier set de transformations annoncées, et vous ? / Mais qu’on nous les confine toutes et tous au moins 4 semaines par an ! /

Merci Ami·es, continuons de prendre soin de nous et des autres. 

JOURS 11 et 12 _ VEND. 27, SAM. 28 MARS 2020
A quoi on reconnait que l’on entre dans la phase 2 / et à quoi encore ? et vous ? / premier signe de rebond / 

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OBSERVATION 22 / A quoi on reconnait que l’on entre dans la phase 2 ? /
Vendredi, je me suis surprise à penser : Ah c’est le week-end qui arrive. Sortir voir une expo ? Une sortie cinéma ? Une sortie dans les monts du Lyonnais !? Oups…Cela m’avait soudain échappé ! Acte manqué de mon cerveau qui voulait oublier, s’en sortir. Alors pour la première fois depuis 10 jours, j’ai ressenti une vraie frustration. Je me suis dit, tiens, on rentre dans le dur semble-t-il ! Puis, que je venais d’entrer dans la phase 2 d’état de confinement.

OBSERVATION 23 / Et à quoi encore ? et vous ? /
Samedi fatigue dans l’air ! Genre abattement, un truc à se sentir les premiers symptômes du COVID 19. Puis finalement, non…non c’est juste que l’on quitte la phase 1, celle  de l’exception absolue, de l’événement, de l’émotion totale, du bouleversement, de l’excitation à comprendre, à savoir, à entendre…à s’imaginer la beauté humaine et l’intelligence collective généralisée, all over the world et tous les gens dans la rue transformés en gens géniaux !!!

Transformation jour 11 Je suis sortie samedi faire 3 courses au petit supermarché du coin de la rue et … ça alors..mince de zut !… je ne supportais plus les gens… Trop près là, recule un peu s’il te plait, et puis cet air indifférent comme s’il ne se passait rien, ça serait difficile un sourire ? un signe quoi ?! Regarde, tu vois bien qu’on est tous et toutes inter-connecté·es non ? que l’on pourrait être différents pour une fois, non ? non, aucune attention, ni à celui ou celle croisé·e, ni à la personne à la caisse. Rien ! Juste vissé au produit à saisir, payer, emporter. normal en somme ? Insupportable manque de présence ; au moment, à l’espace, ou à l’autre. Ça m’a énervée, pire encore : colère !!! C’est ça, je me suis dit, respire, respire…tu es dans la phase 2.

OBSERVATION 24 / Premier signe de rebond / 
Lâcher quelques heures le monde COVID 19 brut et se concentrer à fabriquer une manière de transposer, commencer par une image ! 

Résumé des jours 11, 12 _ vendredi 27, Samedi 28 mars 2020 / A quoi on reconnait que l’on entre dans la phase 2 / et à quoi encore ? et vous ? / premier signe de rebond /
Merci Ami.es. j’espère que vous allez bien.

JOUR 13 _ DIM. 29 MARS 2020
 / Quand on sera à J moins 15 /

OBSERVATION 25 / Quand on sera à J.moins 15
Ce jour 13, dans le froid de ce dimanche soudainement polaire (badminton quotidien à 18 heures pile), m’est venu une idée : lorsque viendra une fin annoncée de confinement et commencera le compte à rebours (peut-être à jour 45 ? ) , alors à J -15 j’offrirai un atelier en ligne, de « rapprochement social » de « ré-éducation » ou de « convalescence sociale ». Qu’est-ce que s’approcher, s’éloigner, pour 2 corps, ou un corps et un espace (même tout petit), soi et soi, soit et une surface (mur, table, sol), soit et l’autre corps ; savourer (ou redouter) le rapprochement jusqu’à (se) toucher, s’appuyer, avoir confiance, prendre appui, prendre empreinte, pousser, repousser…observer le contact, la relation nécessaire pour qu’il y ait rebond, pour qu’il y ait mouvement  !!!
Et le premier jour de SORTIE, on fera cela dans la rue ! Y’aura besoin c’est sûr ! un atelier de réparation des corps en panne, en quelque sorte, pour déprogrammer la distanciation sociale et tout le reste qui sera imprimé.

Résumé du jours 13, Dimanche 29 mars 2020  / quand on sera à J moins 15 / Merci Ami.es. j’espère que vous allez bien.

JOURS 14 à 23 _ LUNDI 30 mars à JEUDI 8 AVRIL 2020 
/ (jour) 22 v’là la surveillance positive !  / Le temps décompense, dès qu’on pense…plus /

J’aime bien cette photo qu’Hélène M. m’a envoyée ce matin. Réalisée dans son salon. Merci Hélène.
Pourquoi les balcons de mon immeuble ne se couvrent-ils pas de banderoles ? pourquoi les couloirs ne sont-ils pas parsemés de petits mots, de paroles en colère, ou solidaires ? J’ai commencé à le faire les premiers jours, mots griffonnés à la main (évidemment pas d’imprimantes en vue) . Partager une annonce pour mon producteur de légumes qui propose une livraison par semaine. Je pensais que cela allait fleurir…  quoi ? si peu de signes en commun ?

OBSERVATION 26 – // (jour) 22 v’là la surveillance positive ! /

Ah ça y est ! on nous l’a sortie ! Entendue hier ; la surveillance positive !  «L’application smartphone STOP COVID pour empêcher la propagation du Virus !!! » On double–rêve !!!. Avez-vous remarqué la dérive des mots ? Ne suffisait-il pas que la malhonnêteté intellectuelle nous tartine un lexique de guerre au service d’une idéologie cachée ? (entre autre machiste)  D’abord il y avait la guerre (l’ennemi invisible à combattre, il progresse, Macron chef de Guerre, les masques-boucliers, les soignants sacrifiés…) et maintenant la surveillance pour notre libération. Les mots ont un sens ! Qu’est-ce qu’une surveillance positive ? je ne vois pas. Au mieux la surveillance d’une cour d’école ? Eh bien filons donc la métaphore : déconfiné·es peut-être mais dans le vase clos d’un périmètre de surveillance, repéré·es, dénombré·es, classé ·es, non par nos prénoms ou nos classes mais par nos smartphones, non pas inscrit·es mais tracé·es, traqué·es. Et nous allons « liker » parce que ce sera pour au nom de notre sécurité ??? et que l’on n’en pourra plus d’être enfermé·es ?!. On va se livrer à la surveillance de notre plein grès, parce que c’est pour notre protection ?!! NON ?!
Je n’aurais pas dû arrêter d’écrire le journal si longtemps !

OBSERVATION 27 // le temps décompense, dès qu’on pense… plus.

Vers les jours 15 ou 18, avez-vous remarqué comme on a commencé à ne plus bien savoir quel jour on était ? Quelque chose nous est tombé dessus, l’habitude sans doute qui a laissé la place à la surcharge venue remplir le vide laissé par l’arrêt stupéfait !  Jusque-là il y avait de l’exaltant dans les journées, tant on se sentait au bord urgent de l’existence, convoqués. Un rendez-vous avec nous-même-multiplié-par-l’humanité. Ça ne se ratait pas ! Cela faisait soudain une place incroyable pour l’esprit. Et puis…les journées sont devenues trop courtes. Je ne voulais pas arrêter d’écrire le récit des jours, de garder vive à l’esprit la dimension exceptionnelle qui le libère, lui donne un droit d’asile, ailleurs. Mais le travail m’a rattrapée : Annulations, reports, Plan A, Plan B, Plan C, analyse des pertes, diagnostiques, budgets. Ne pas aller trop vite car il faudra tout recommencer ! Et pourtant, il le fallait,  on l’a fait, et il faudra tout recommencer, Plan D, plan E…. ! Et voilà le résultat ! pfft crête aplatie ! Vers le jour 20, je me suis retournée et les jours ajoutés les uns aux autres avaient commencé à faire un magma indiscernable. NON !
Je n’aurais pas dû arrêter d’écrire le journal si longtemps !

 Résumé JOURS 14 à 23 : / (jour) 22 v’là la surveillance positive !  / Le temps décompense, dès qu’on pense…plus /

Je suis contente d’avoir recommencé à écrire. Chaque jour mémoriser, pour demain. Ami·es, prenons soin de vous, des autres. j’espère que vous allez bien.

JOUR 24 _ VENDREDI 9 AVRIL 2020 
  / Poids et mesures du confinement /

OBSERVATION 28 / Poids et mesures du confinement
Alors, j’ai pensé qu’il fallait donner un corps au temps du confinement, trouver une représentation, une matière. Pour ne pas s’habituer, continuer à percevoir le poids et la mesure que cela fait de perdre tout cela ; la liberté, le mouvement, le toucher, les interactions… Ressentir le poids et la mesure que cela fait, de se prendre tout ça en pleine figure. C’était il y a 4 ou 5 jours. Je me suis dit qu’une zone d’empilement, c’était pas mal, une accumulation, un « kern de confinement » par exemple : chaque jour ajouter un objet inutile de la maison et regarder le kern grossir, grossir, déborder par les fenêtres. Cela au moins se perçoit, pèse son poids, éclaire sa mesure. Mais j’ai réalisé le risque d’envahissement de l’appartement. En temps de confinement, c’est pas l’idéal quand même ! Alors sur le grand filet qui sépare le jardin de l’immeuble du terrain de sport de l’école primaire voisine, chaque jour j’accroche, avec une pince à linge en bois, une feuille d’arbre gravée du jour, au marqueur doré. Les voisins se demandent, au moins c’est public, au moins cela se voit. Mais c’est beaucoup trop léger. Echec…continuer à chercher. Produire chaque jour quelque chose. Je n’aurais pas dû arrêter d’écrire le journal si longtemps ! Car trop de choses se bousculent maintenant. 

Je suis contente d’avoir recommencé à écrire. Chaque jour mémoriser, pour demain. Ne pas avoir vécu tout cela en vain.
mais ça c’est pour le jour 25.

Ami·es, prenons soin de vous, des autres. j’espère que vous allez bien.

Jours 25-28, 10-13 avril 2020 _Pâques aux balcons
/
Mémoire de terrasse / Ce soir j’applaudirai les soignants, mais pas que … et surtout pas…
/

Ce 11 avril, je me suis dis qu’il me fallait poser un calendrier car les jours commençaient à se perdre. Et j’ai imaginé un jour de déconfinement ! J’avais raison m’a dit Macronavirus le soir même !
Par contre il m’a dit que je n’avais pas raison de rêver aux corps citoyen·nes qui s’étreignent…

En allant acheter du pain, ce soir… sur la vitrine d’une banque, un signe, enfin un signe ! Comme les murs sont silencieux ! Si peu de traces, si peu de cris silencieux. 

Bonjour Ami.es
Je suis heureuse d’écrire ce journal, pour vous, avec vous.
Merci, même si vous ne me répondez pas, de l’énergie que vous partagez avec moi en le lisant. Merci de me permettre de la partager avec vous.
Chaque jour mémoriser, pour demain. Pour que nous-multipliés-par-l’humanité, n’ayons pas vécu tout cela en vain.

OBSERVATION 29 / Mémoire de terrasse.
7h du matin, jour 28. Ma cabane de confinement devient soudain une cabane d’affut, et la 29ème observation, une observation, au 1ier degré du mot : Camouflée derrière mon bol de thé, à l’ombre de ma cuisine, sous le vent de ma tartine grillée, fondue dans le décor des fenêtres, j’assiste à la parade nuptiale d’un Merle et d’une Merlette, à même la terrasse. Lui ridiculement ébouriffé et agité, elle s’affairant en virtuoses voltes faces et performants retournements . Noces urbaines en ultra ultra rapprochement. Du jamais vu, de mémoire de terrasse ! Espace réellement partagé. Avec notre retrait, leur confiance, avec notre humilité, leur liberté. Voilà tout.  Que ne revienne pas la distanciation des oiseaux !!.

OBSERVATION 30 / Ce soir, j’applaudirai les soignants, mais pas que… et surtout pas… celui qui a choisi de parler exactement, juste après. (hasard des heures manifestes ? ou abjecte récupération ?).

Transformation jour 28 : En voilà une autre ! : La peur se transforme en une autre peur. Et pas celle à laquelle on pense.  Je n’ai pas peur du COVID, non !  je n’ai pas non plus peur de la crise à venir, non, car si elle est une ruine, elle est aussi l’énergie possible pour re-construire un AUTRE monde. Non, ce dont j’ai peur c’est de notre impuissance face à ce qui nous a mené jusque là, peur que nous n’ayons pas l’énergie, pas le temps, pas les possibles, pas la liberté pour !
Alors, ouvrir l’œil et le bon et rassembler en nous l’énergie (nous-chacun et nous-ensemble ), préparer, se préparer, afin que tout cela n’ait pas été vécu en vain et que les systèmes en place ne repartent pas « comme si de rien n’était », pire : plus acharnés et plus vaillants que jamais ! ; que les puissances de ce monde ne se servent de la crise à venir pour alimenter leurs dogmes, leurs pouvoirs et leurs dominations abjectes !
Alors oui ce soir, avec les soignant·es, les travailleur·ses, je remercierai toutes celles et ceux, activistes, penseuses et penseurs, scientifiques, poètes et poétesses, artistes, militantes et militants dont les outils de l’acte sont déjà affutés, les outils de la vigilance et de l’alerte, mieux, de la bataille, les outils de veille du monde, et qui les offrent comme premier appui, une brique pour regarder par dessus la haie de notre docile confinement, de notre civique consentement, voir loin, car la montagne sera haute, très haute !!! et commencer à monter doucement dès maintenant, agir avant que la vague (et pas celle que l’on croit ! ) ne nous recouvre. Ce soir, je remercierai celles et ceux dont l’énergie d’action nourrit et nourrira la mienne. Car je sais que seule, je ne pourrais rien. Avec elles et eux, oui, peut-être.

Voilà ami·es.
Résumé des Jours 25 à 28_Pâques aux balcons / Mémoire de terrasse / Ce soir j’applaudirai les soignants, mais pas que ….et surtout pas…. /
Nous, vous, les autres, j’espère, j’espère, j’espère que vous allez bien.
Annick

Jours 29 à 37 – 22 avril 2020
/ Ce n’est pas le moment de mourir, surtout ! / Les jours-soleil précédèrent les jours-gris / réfléchir encore, pas se faire rouler, encore ! /
/ à défaut de réponse ; une liste en vrac et en chantier/

Chaque jour le calendrier de confinement à l’air libre grandit. Œuvre évolutive.  Je la pensais ratée, mais finalement, à force d’y ajouter des jours, cela prend corps. On dirait des oiseaux enfermés…qui attendent. Chaque ligne ; une semaine qui commence au mardi. Parti du bas…cela monte, monte. Peut-être arriverons nous jusqu’en haut…et de là foutre le camp ?
Les premières feuilles ont commencé à sécher du temps qui passe.

Image surréaliste de la surveillance et du contrôle sur des panneaux lumineux !
Demain j’aimerais venir danser ici… quelques instants dans cette descente déserte, là, sous le panneau. Mettre une robe de soirée… : Mesdames et messieurs, Confinement de sortie !

Personne n’aurait pu imaginer que des mots si beaux deviennent un jour à ce point une contre publicité ! Dommage ! que faire ? faire refaire toutes les pochettes ? pour 3 ans , 5 ans ? Peut-être y ont-ils songé…ou alors espérer que les clients ne lisent plus ce qu’il y a sur la baguette que leur sert leur boulanger.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher·es ami·es, je vous envoie ce soir, un journal « infini ».
_Comment ça infini ? Pas fini ? ou trop long ? 
_ Un peu les deux, pardonnez moi, car a vouloir trop faire, les chantiers en cours, y compris ceux de la pensée s’étirent. Une feuille de journal demande des préparations de préparations de préparations… ….et ça n’en finit pas.

Alors ce soir, un journal « infini » et une TO DO liste.
Je pense à vous.

OBSERVATION 31 / Ce n’est pas le moment de mourir, surtout !
Cette pensée m’a soudain saisie au réveil du jour 29 ! Généralement en forme de précipice, mais là…quelque chose avait changé, un détail de haute importance. Dès 6 ans, « penser à la mort » me saisissait parfois d’effroi, esprit et corps paralysés par cette phrase, insoluble dans le noir de ma chambre et de ma tête : « Quoi ? Le monde continuerait ? comme maintenant ? pour toujours ? mais je n’y serais pas ??? » Ce qu’il y avait de différent ce matin du 18 avril opérait en quelques mots : « Quoi ? le monde pourrait brutalement changer, bifurquer ? l’humanité, vivre son point radical de transformation voir d’extinction ? et je n’y serais pas ?? pas avec elles et eux ?? pas avec vous ?  Double impossible à concevoir. Non seulement disparaitre mais manquer le clou du spectacle ! Il était 7h30 ce matin du jour 34, comme les 34 matins de ce confinement fou, j’ouvrais mes volets et les oiseaux conversaient avec Guillaume Erner sur France Culture ! Mais ce matin là pour la première fois depuis 34 jours il n’y avait pas de soleil.
Action !!!

OBSERVATION 32 / Les jours-soleil précédèrent les jours-gris
Et nous y sommes toujours ! Mais ce qui a changé depuis ce fameux 13 avril, c’est que maintenant nous pensons exclusivement à l’après. Et le temps se tend, de tout ce qu’il faudrait faire avant  « l’après », tout ce qu’il faudrait avoir fait, accompli, compris, lu, écouté, pensé, mis en œuvre, en forme, en vrai ; maintenant, pour atterrir « l’après ». Comment repartir ? …mais aussi, comment-ne-surtout-pas-repartir ? (ou, comment-surtout-ne-pas-repartir ?). La tâche est grande, les colères aussi.

Et je vous ferai bien cet aveux affreux : Je ne sais pas vous, mais, je ne sais pas si j’ai envie…En fait je n’ai tellement pas envie de resservir la table des invités du « monde d’avant » que je l’avoue, il m’arrive de n’avoir pas envie de « SORTIR », pas envie que cela se termine, pas comme ça, pas pour retrouver « ça ».

OBSERVATION 33 / Réfléchir encore, pas se faire rouler, encore !
Pourtant le scénario semble tout écrit non ? Et alors le cœur se brise en y pensant.  Il faudrait s’arc-bouter, trouver, comment « ne pas », comment résister, comment inventer, mais inventer quoi ?  Cela va être « dur », mais « pire que dur» serait que cela soit finalement « facile » de revenir à « avant ». Se battre ou être indifférent ? Déni préférable à la lucidité de notre lâcheté ? Bref tout cela est un abîme de pensées mais surtout de passages à l’acte nécessaires. Mais je l’ai déjà dit, non ? je me répète en quelque sorte, pardonnez-moi. C’est que depuis une semaine, cela tourne dans nos têtes, non ?

OBSERVATION 34 / Qui sait ?
Alors continuer à faire, poser des briques, des petites actions, faire ce que l’on a dit qu’on allait faire, pas à pas, même de fourmis, même en proie au doute, même si m’assaille l’incertitude sur le sens de ce que j’entreprends (à quoi bon ? ou à quoi ça sert ?). L’espoir secret, le Jocker peut-être, c’est que cette événement nous aura, pour la première fois…vraiment, vraiment, vraiment appris une chose : l’imprévisible !  Alors, si tu ne sais pas, continue ! Qui sait ? Continue, car cela ne sera peut-être pas inutile ?

OBSERVATION 35 / à défaut de réponse; une liste en vrac et en chantier
Ce que j’aimerais accomplir, Ce que j’aimerais avoir entrepris, les petites idées, les grandes idées…les plus folles, je le crains, abandonnées.
Dans le désordre :

  • (Entre-)tenir le journal de confinement : fait, à faire, fait, à faire, fait…
    – mettre en ligne le journal,  et ce faisant, l’appeler Carnets d’un confinement, l’illustrer, l’alimenter d’images, photos, légendes glanées au fil des jours. C’est fait ! enfin, en chantier…
  • Fabriquer LA cartographie en ligne vous êtes 30, vous êtes ici ! : demain je m’y mets !
  • Faire une ou deux micro-vidéos dansées dans l’espace public :  « confinement de sortie » : en cours, rassemblement d’énergie, hésitation à 135€
  • Écrire un article pour le Familistère, à faire.  Cliquer ici : « Récits du Familistère en temps de Coronavirus
  • Annoncer  l’atelier de dé-confinement chorégraphique : « réhabilitation du corps touché » : prévu,  à construire,  à organiser techniquement, me fait peur, du mal à m’y mettre.
  • Dans ma cuisine : un petit mémorial des confi-né.es : fait à suivre.
  • Un calendrier de confinement à l’air libre : poids et mesures du confinement  : fait, à faire, fait…œuvre évolutive, je pensais ratée, mais à force d’y ajouter des jours, on dirait des oiseaux enfermés…qui attendent.
  • Les best-of du travail :  projet d’un Studio à aboutir, les reports de création, les budgets, les appels, les rdv skype, les courriers, les news-letter, la mise à jour du site  : fait, en cours, refait, fait.
  • Réaliser un LIEU d’ÊTRE plus ou moins clandestin en confinement, dans mon immeuble. Premier acte : j’en ai rêvé, à abandonner.
  • Et le deuxième acte au fil du dé-confinement : oublie !                              

    Résumé des jours 29 à 37 / Ce n’est pas le moment de mourir, surtout ! / Les jours-soleil précédèrent les jours-gris / réfléchir encore, pas se faire rouler, encore ! / à défaut de réponse, une liste en vrac et en chantier/

    Merci ami·es de recueillir cet infini journal
    Prenez soin de vous.

Jours 37 à 41 _ 26 avril 2020
/
Excepté·es celles et ceux qui ont pu s’échapper sur une plage, un rocher, un chemin…, /
/
Après 40 jours et 40 nuits de traversée des confins, ils et elles eurent faim !!! / Une graine à retardement /
/ Clandestinement, corps désertés en corps irrigués 

 

 

 

 

 

 

 

Bonjour Ami.es,
Au jour 41 comme au jour 1, vos présences me sont indispensables, … parce qu’elles m’attendent. Parce que l’on s’attend, vivant·es quelque part et forcément ensemble un jour.  Parfois c’est pas drôle, c’est même de la souffrance parce qu’à cette « attente » imaginée, on aimerait répondre d’un acte génial, trouver une pensée lumière, pour réparer cette situation et surtout tout ce qui l’a provoquée et qui va revenir. Vos présences me poussent, me poussent vers ce que je peux, tout ce que je peux, à ce qui nous arrive.
Alors cette page-là, est envoyée un peu comme une flèche avec un petit mot accroché dessus « on est bien toutes et tous là ? »
Restons proches de nous, des autres, car on pourrait devenir « désert« .
Anik

 OBSERVATION 36 // Excepté·es celles et ceux qui ont pu s’échapper sur une plage, un rocher, un chemin…,
…avez vous remarqué que le corps confiné ne peut presque jamais porter un regard libre à 360° ? Tout aussi loin que l’on puisse regarder par sa fenêtre, il y a toujours un moment où tournant sur nous-même, on tombe sur le mur de sa caverne.  Vision orientée, grrrr ! Et vous et moi savons bien ce que cela fait au corps (et donc à l’esprit) de se sentir au milieu d’un espace ouvert tous azimut et multi-dimensions, hein ? Fermer les yeux.., allez, essayez…, retrouvez cette sensation ; un petit sommet… et se p(ro)longer dans l’espace ouvert… Puissance non ? C’est une image, peut-être, mais que pensez-vous alors que cela produise d’en être privé, même seulement 10 semaines, et même inconsciemment ? Alors je me dis qu’après le temps de penser, vient celui de rêver, puis celui de créer, après le temps de dire, celui de l’agir. Il fallait sans doute consentir ce passage en des-espérance pour trouver l’énergie.

OBSERVATION 37 // Après 40 jours et 40 nuits de traversée des confins, ils et elles eurent faim !!!
Pas faim de se ruer chez leurs concessionnaires, non, pas faim de courir vers leurs marchandises, leurs avions ou leurs bureaux ! Non, non, non. Ils et elles eurent faim de grands espaces pour porter un regard plus ouvert que depuis leurs fenêtres, pour espérer plus grand qu’un applaudissement de 20h en guise de société, pour cheminer plus loin que le tour de leurs pensées. De grands espaces qui pourraient absorber, sur une cartographie sans mots, leurs voyages immobiles de 10 semaines, mais surtout la suite après, entremêler leurs dedans, leurs entrailles, leurs larmes, leurs espoirs séparés. Ils et elles avaient soif de grands espaces pour se payer le bonheur d’un rapprochement, d’un fourmillement, d’un petit groupe ou d’une foule qu’importe, d’un bourdonnement quoi, d’une manifestation, tiens !  Ils et elles avaient besoin de refabriquer de l’émotion ensemble, et que cela fasse un mélange un peu désordonné, un peu indiscipliné, oui. Et surtout que les mots de la radio se taisent et qu’on arrête de leur dire quoi faire ou ne pas faire… Alors désobéissant aussi, MÊME SI…

OBSERVATION 38 // Il y avait un truc qu’ils et elles savaient maintenant, comme une graine à retardement…
MÊME SI… ils et elles savaient bien que, au Monopoly du déconfinement, un part un sur la case départ, prêts mais pas trop près s’ils vous plait, ils et elles allaient devoir se tenir à carreau de la distanciation, de la différenciation, de la rétention, de la prévention, de la protection, de la répression, … et ça les « agitation » un peu, d’ailleurs….  Mais dans le même temps, il y avait un truc qu’ils et elles savaient, et cela les faisaient bien rire, quand ils n’en pleuraient pas ;  tout ce qu’on leur avait dit «  absolument impossible », « impensable », « inimaginable », c’était tout faux parce que ça s’était produit ! Et ça, ça, cet espoir là, cette graine là, à retardement là, même si c’était pas pour demain, ça se savait maintenant, et ça reviendrait, les gars et les filles ça reviendrait, au moment propice.

OBSERVATION 39 // En attendant, il fallait s’ébrouer et commencer à transformer clandestinement les corps confinés en corps touchés, les corps désertés en corps irrigués,…même de loin, parce qu’ils faudra aller ainsi longtemps, car on est sans doute pas prêts de se retrouver dans un studio ou sur une place publique. 
Prendre une grande respiration et dire : Bon, samedi 2 mai, à celles et ceux qui ont envie je propose une expérience, ou de m’accompagner dans une expérience. Commencer une série à distance, d’atelier de « libre déconfinement » ou un truc comme ça, un truc pour cheminer ensemble dans cette histoire, un truc qui pourrait ressembler à de la danse, bon un truc qui commence par le corps, forcément. Et puis après on verra. une création à venir, peut-être. je sais pas encore dire.
Chacun Libre comme l’air, pas de masque, pas de distance limite, ni d’âge d’ailleurs, ni d’obligation de prolongement, sans rien qu’un bout d’espace chez soit, grand comme … un espace de confinement…c’est tout. je ne sais pas encore. Je vous dirai.
Ce sera sur Zoom, 1 heure ou 1h30, je dirai l’heure (18h30 ? )
Ce sera d’abord le samedi 2 et dimanche 3 et lundi 4 (premier essai) puis on poursuit les 8, 9, et 10. (et puis après aussi….

Résumé des Jours 37 à 41 / Excepté·es celles et ceux qui ont pu s’échapper sur une plage, un rocher, un chemin…, / Après 40 jours et 40 nuits de traversée des confins, ils et elles eurent faim !!! / Une graine à retardement / clandestinement, corps désertés en corps irrigués /

Jour 46  – 1ier Mai 2020
/ A nos corps (se) défendant / 

J’invite celles et ceux qui le désirent à m’accompagner dans une expérience des corps, Je l’appelle « A nos corps (se) défendant ». Il s’agit d’un atelier chorégraphique, accessible à toutes et tous, libres comme l’air, tout d’abord en ligne, chez vous, et puis plus tard peut-être… un jour, dans la rue…un acte créateur, nous verrons. En attendant; se réparer de la distanciation, ré-armer un corps sensible, des relations, redonner parole et acte au corps, droit de défense ; une résistance vitale à ce qui nous arrive.
A NOS CORPS (se) DÉFENDANT ! / Atelier live – mai 2020- En savoir plus ici

MANIFESTE POUR DES CORPS (se) DÉFENDANT.

Si l’on rétrécit le corps social, si on étouffe l’espace commun, les interactions, et les émotions sublimes collectives, c’est le corps intime tout entier qui se dévitalise, la pensée et le sens de vivre qui se replient. Cet atelier est une campagne de recherches pour comprendre, régénérer, dé-ployer, revendiquer. Réparer nos corps touchés, mais aussi élever nos corps capables de réponse.

Élever, pour nous lever, amant·es de la vie et non victimes passives de la folie morbide de ce monde. Nous lever, ne pas se barrer, rester. Oublier la résilience et RÉSISTER ! RÉUNIR les conditions de notre humanité qui commence par ; un corps, des relations, des lieux pour le lien, de la pensée, des émotions.  
Nous le devons, essayer, nous le pouvons, joyeusement collectivement.
C’est ce que je souhaite créer, pas sans vous, expérimenter, avec vous, dans cet atelier pas plus grand qu’un dé à coudre. Contributeurs et contributrices d’un pas vers l’avant, un pas vers l’après, pour l’après.

Bonjour Ami.es,
En guise de 1ier mai et de grands assemblements d’hommes et de femmes, je voudrais vous offrir, la manifestation d’une envie et ses pensées éparses, déployées en une banderole et quelques rendez-vous 😉
ça y est ! elle est partie mon idée d’atelier… et l’article écrit sur le site.
Cela suffit ! il est l’heure de se manifester !
Expérience  #0 avec vous uniquement
(celles et ceux qui le souhaitent évidemment !)
 Deux premiers rendez-vous des 3 et
4 mai, pour une expérience de l’expérience, une tester avec vous
la compréhension des premiers essais sensibles, et

tangibles (comment ça marche un atelier en ligne, comment on
se voit ? se comprend ? s’entend ? comment la plateforme zoom
devient-elle un outil fluide, adapté etc..).
Pour tout vous dire, cela me fiche un trac !;-)
Si vous avez envie de gouter à l’expérience#0 de cette campagne de recherche poétique
Ne cherchez pas à vous inscrire en ligne, le lien est pour le moment inactif. (la communication publique ne partira que la semaine prochaine, après l’expérience #0)
c’est tout simple:
1) Vous me le dites (mail, sms, pigeon voyageur…)
2) je vous enverrai par mail, un lien Zoom avant dimanche
3) Etienne Saury (ami et membre du CA sera en ligne au démarrage pour vous accueillir et vous guider si besoin dans la mise en route.
N’hésitez pas à me signaler si l’heure de 18h n’est vraiment pas adapté.

Je vous embrasse.
L’heure de se manifester 😉

 

Nous avons toutes et tous traversé 8 semaines, 50 jours ! de confinement avec un vrai sens civique, solidaires, dans l’intérêt commun. Nous avons respecté, renoncé, discipliné·es, dociles. Était-ce ce qu’il fallait faire ? Sans doute, peut-être… Je ne sais pas, nous ne le savons pas. Pas encore.
Mais nous percevons que d’autres façons de poser la question, pouvaient induire d’autres manières d’y répondre. Que celle que nous vivons là, est la réponse d’un monde qui a lui-même produit cette crise, lui-même abandonné depuis longtemps l’intérêt général public, lui-même détruit le faisceau d’inter-responsabilités de la planète, lui-même plusieurs fois déjà invoqué l’état d’urgence sécuritaire et, au nom de la peur et de la protection, sacrifié les libertés, publiques, intimes, sociales … Nous l’avons accepté. Peut-être n’ y avait-il pas le choix, mais devons-nous choisir aussi de le subir encore ? Non ! Je ne le crois pas. J’ai même envie de dire, ça suffit ! Vivre c’est risquer de mourir. Vivre sans notre humanité, c’est mourir et tuer. lire la suite ici

Tandis qu’Angélique C. plie et déplie de la poésie en continue…